Site Web du Comité de Vigilance contre les Infiltrations Policières dans le Mouvement Antifasciste (CVIPMA)






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Stalinisme et antifascisme :

L'antifascisme est né sous le signe de l'équivoque. Le pacte germano-soviétique avait semblé cautionner la pertinence de la notion de totalitarisme, mais l'entrée en guerre de l'URSS, pour des raisons de propagandes, rend cette catégorie caduque. L'heure n'est plus, après 1941, à la dénonciation du totalitarisme soviétique, mais à l'union sacrée contre les régimes fascistes italiens et allemands. Le rapprochement entre les idéologies mussoliniennes et hitléristes, marqué par l'adoption des lois raciales italiennes, a permis d'englober ces régimes sous un même qualificatif : le fascisme. Mais l'entrée en guerre du stalinisme contre cette idéologie va altérer durablement la définition même de ce terme.

Pour les marxistes, le fascisme est un radicalisation coercitive de la classe dominante qui possède le monopole des moyens de production capitaliste. Un système économique, le capitalisme, et un régime idéologique, le fascisme, sont liés dans l'analyse marxiste comme une relation de cause à effet. L'infrastructure capitaliste produit l'idéologie libérale qui se mue en fascisme lorsque les intérêts de la classe dominante sont menacés. Et c'est bien cette interprétation du fascisme qui va devenir elle-même dominante dès l'instant où le stalinisme va puiser dans la Seconde Guerre mondiale sa légitimité politique.

A partir de 1941, être antifasciste, c'est d'abord être communiste. Et être anti-communiste devient alors suspect de sympathies pro-capitalistes, donc pro-fascistes. C'est pour cela que l'antifascisme est né dans l'ambiguïté sémantique. Oubliées, après 1941, les doctrines "classe contre classe" qui voyaient les idéologues du Komintern prôner quasiment l'alliance avec les organisations fascistes contre la bourgeoisie. Oublié, l'infâme pacte germano-soviétique. Oublié le totalitarisme. C'est à cette époque que l'association entre communisme stalinien et antifascisme s'enracine durablement dans l'histoire.

Pourtant, le fascisme demeure clairement identifié. Au-delà des bricolages théoriques marxistes sur le capitalisme, les régimes italiens et allemands sont là pour illustrer le contenu même du terme de fascisme. Une conception close de la Nation, dans laquelle seul une partie donnée de la population peut s'insérer sur des critères racialistes plus ou moins explicites. Le fascisme, à sa naissance, est une idéologie ethnique qui s'approprie des slogans révolutionnaires dans une pure logique démagogique. Mais cette dimension sera vite occultée. Ce qui compte alors, c'est que Staline devient le grand héros de l'antifascisme, et que l'Union Soviétique, en se présentant comme la seule libératrice de l'Europe, va monopoliser cette cause.



L'antifascisme pendant la Guerre Froide :

L'appropriation stalinienne de l'antifascisme après 1941 va jouer un rôle important dans l'évolution de ce terme au cours de la Guerre Froide. L'objectif du camp occidental est alors simple. Il s'agit de faire de la RFA le fer de lance de la lutte anti-communiste. Le passé nazi du pays doit être rapidement enterré. En 1941, la propagande américaine avait oublié au bord de la route le totalitarisme. L'URSS était bien trop utile dans le combat contre les forces de l'Axe. Après 1947, début officiel de la Guerre Froide, l'anti- totalitarisme revient par la grande porte, dirigé cette fois exclusivement contre le régime soviétique.

L'antifascisme est alors, tout comme l'anti-totalitarisme, un "concept de combat". Les élites d'Allemagne de l'Ouest sont dénazifiées, leur éventuel passé hitlériste est occulté. Il y a là une illustration parfaite de l'instrumentalisation d'un terme abandonné ensuite quand la propagande n'en a plus besoin. L'antifascisme était utile avant 1945 au forces occidentales, mais il devient ensuite gênant. Le camp du "monde libre" a besoin des anciens nazis, et le combat se focalise sur l'anti-communisme. L'antifascisme devient alors, au sein des régimes libéraux, un slogan archaïque. Du fait de sa réappropriation exclusive par les soviétiques, il devient même suspect ! C'est ainsi que se développe un anti-antifascisme, selon les termes de Jürgen Habermas : tout antifasciste devient suspect de pro-communisme.

Tout se passe comme si l'ensemble des belligérants de la Guerre Froide avaient admis le fait que l'antifascisme était la propriété exclusive de l'Union Soviétique et des communistes. Il fallait donc que les occidentaux trouvent un terme apte à condamner le régime stalinien, ce fut le totalitarisme. Dans le camp soviétique, le monopole de l'accusation de "fascisme" était donc total, ce qui allait provoquer une nette inflation dans l'utilisation du terme et une perte importante de sa pertinence scientifique.

La meilleure preuve en sont les conflits sino-soviétiques et soviético-titistes. Combien de fois, dans le camp communiste, un régime revendiquant son indépendance vis à vis de l'impérialisme stalinien ne se vit pas accusé de fascisme ! Tito, considéré comme révisionniste, fut taxé de fascistes dans les colonnes mêmes du journal du PCF, l'Humanité. La Chine maoïste était présentée par les idéologues soviétique comme racialiste et fasciste, et yougoslaves et chinois accusaient pareillement l'Union Soviétique. Le point de mire de ses accusations demeuraient évidemment la trahison du marxisme.

Ainsi, tout ce qui n'était pas conforme à une interprétation orthodoxe du marxisme-léninisme (soviétique ou chinoise), était forcément la preuve d'une alliance avec le camp capitaliste, et donc par extension la preuve du caractère fasciste du régime concerné. Le terme de fascisme devenait là complétement flou et équivoque : tout ce qui n'était pas communiste soviétique ou chinois était donc fasciste. Sauf bien sûr lorsque le régime en question affichait des sympathies pro-soviétiques ou prochinoises. Il devenait alors un Etat démocratique en transition vers le socialisme. Et s'il s'écartait de cette route, il redevenait subitement fasciste.

L'antifascisme, au cours de la Guerre Froide, est vidé de toute substance. Cela devient un terme vide de signification fixe, un pur slogan, une arme rhétorique. Tout les régimes occidentaux sont considérés à l'Est comme fascistes, ce qui pose des problèmes dans la définition de régimes comme celui du Chili de Pinochet. Comment, en effet, analyser sérieusement un tel régime lorsque tout et n'importe quoi est qualifié de fasciste ? d'autant plus qu'avec leur concept d'anti-totalitarisme, le camp libéral pouvait justifier n'importe quelle dictature au nom du strict anti-communisme.



Antifascisme et national-populisme :

L'inflation sémantique du terme de fascisme pendant la Guerre Froide va décrédibiliser le terme, tout comme les abus de l'anti-totalitarisme provoqueront l'abandon de son utilisation dans les milieux universitaires américains qui contestent, à partir des années 1970, l'utilisation idéologique du concept. Mais au début des années 1980 apparaît ce que l'on nomme communément le national-populisme, représenté en France par le Front National et la "grande famille" lepéniste. C'est la première fois que des individus se réclamant du fascisme vont s'inscrire dans un courant politique aux succès rapides.

Le Front National n'est pas que fasciste. Il fédère l'ensemble des courants d'extrême droite que la chute des fascismes historiques en 1945 a contribué a discréditer : l'intégrisme catholique, le royalisme maurassien, le nationalisme antisémite et, évidemment, le fascisme pur et simple. Les néo-fascistes, instrumentalisés pendant la Guerre Froide au service des intérêts du camp occidental, vont trouver là un moyen de retrouver un rôle politique moins obscur. Avant le lepéniste, les néo-fascistes, les intégristes, les anti-communistes hystériques, couraient aux quatre coins du monde pour servir dans les milices anti-sandinistes, anti-castristes ou autres. Ce que leur donne le national-populisme, c'est une nouvelle légitimité politique.

En même temps que se dissipent les illusions communistes un peu partout dans le monde, l'antifascisme va renaître sur une base moins idéologique et moins pro-soviétique. C'est le moment où l'antifascisme n'est plus un slogan récupérés par les idéologues de l'URSS et qu'il redevient possible d'être antifasciste sans cautionner pour autant le système soviétique. La notion gagne alors en pertinence. Si tous les lepénistes et autres national-populistes européens ne sont pas fascistes, il y a entre eux une logique d'équivalence, une solidarité, qui rend la cause antifasciste globale légitime.

L'antifascisme, c'est alors la lutte contre l'extrême droite en général. Bien entendu, c'est encore demeurer éloigné du contenu strict et scientifique du terme, qui recouvre les régimes mussoliniens et hitléristes. Mais un grand pas en avant est fait dans la rigueur de la cause antifasciste qui n'est plus aussi marquée par l'idéologie qu'elle ne l'était pendant la Guerre Froide. Encore une fois, c'est parce qu'il existe, d'un point de vu historique, une cohérence a qualifier les maurassiens, les intégristes et autres de pro-fasciste, que l'antifascisme en tant qu'anti-lépénisme peut alors conserver son sens. Les fascistes sont là des ennemis rigoureusement définis sur la base de leur solidarité historique.

Mais les succès médiatiques de l'antifascisme vont à nouveau altérer peu à peu le sens de ce combat. Le fait que chacun se retrouve sommé de se positionner par rapport au national-populisme, et donc par rapport à ses éléments fascistes, fut nécessaire mais provoque aujourd'hui certaines dérives. Le fascisme est en passe de se muer à nouveau en pur instrument idéologique, tandis qu'en règle générale, l'effet mobilisateur des accusations mutuelles de "fascisme" est inversement proportionnel à la rigueur scientifique du terme. Cet historique n'a d'autre but que de montrer que des appropriations abusives antérieures peuvent encore se répéter.

 



Considérations historiques

Stalinisme et antifascisme

Guerre Froide et antifascisme

Face au national-populisme


Considérations théoriques

Position de Zeev Sternhell

L'antifascisme néo-libéral

Les enjeux d'une définition


Considérations pratiques

Le contenu de la lutte antifa

Des antifascismes ambigus

Quand la vigilance est de mise


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